Louis Nicolas DAVOUT
(Annoux 1770- Paris 1823)

Duc d'Auerstaedt Prince d'Eckmühl Maréchal de France Grand Aigle de la Légion d'honneur Pair de France Issu d'une famille de petite noblesse pauvre, son véritable nom s'écrivait d'Avout qu'il a changé en Davout par conviction républicaine. Son père était officier. Il entre en 1785 à l'Ecole militaire d'Auxerre en qualité cadet gentilhomme, et en sort dans la cavalerie. La Révolution survient alors qu'il est en garnison à Hesdin dans le régiment de la Royal Champagne. Il lit beaucoup, et devient l'un des officiers aux idées les plus avancées. Enfermé dans la citadelle d'Arras pour avoir violemment critiqué l'élection d'un sous-liuetenant royalisste notoire, il est remis en liberté et rentre chez lui. Il reprend du service comme chef de bataillon d'infanterie, se signale à Neerwinden et part avec son régiment à la poursuite de Dumouriez lorsqu'il passe à l'ennemi. Récompensé de cette intervention, il est en moins d'un mois nommé général de division.. Mais il pense être trop jeune, il n'a que vingt-deux ans, et n'accepte que le grade de général de brigade. Après une retraite forcée due à ses quartiers de noblesse, il revient après le coup d'Etat du 9 Thermidor. Il assiège et prend le Luxembourg, mais la trahison de Pichegru livre Mannheim où il se trouve. Prisonnier, il est libéré sur parole par Würmser qui connait sa famille. Il reprend du service à la fin 1796, après un échange de prisonniers. A l'armée de Rhin et Moselle, il est sous les ordres de Desaix. Les deux hommes se lient d'amitié et ce dernier le présente à Bonaparte. Davout participe à l'expédition d'Égypte, où il commande une brigade de cavalerie. Il est de toutes les grandes batailles, aux Pyramides, à Louxor, à Aboukir. Il repart avec Desaix pour la France, le 3 mars 1800. Retenu un mois par les Anglais à Livoume, il arrive à Toulon le 6 mai. Promu général de division, le 3 juillet, Davout est mis à la tête de la cavalerie de l'armée d'Italie. Il prend ensuite le commandement des grenadiers à pied de Garde consulaire. Il épouse la soeur de général Leclerc et devient maréchal d'Empire le 19 mai 1804 (c'est le plus jeune des maréchaux en 1804), Grand Aigle de la Légion d'honneur l'année suivante. Placé à la tête du 3e corps de la Grande Armée, il s'illustre à Austerlitz, où il commande l'aile droite et résiste aux Austro-Russes. Son corps et un modèle de discipline et ses divisionnaires sont surnommés les divisions de "fer". C'est encore lui qui décide de la campagne de Prusse de 1806 en soutenant seul le choc du gros de l'armée prussienne à Auerstedt et en gagnant la bataille (succès considérable à un contre deux), facilitant ainsi la tâche de l'Empereur à Iéna, qui, sûrement jaloux de ce succès, ne fera retenir que l'écrasante victoire d'Iéna. En récompense, Davout entre le premier dans Berlin (25 octobre 1806), et devient duc d'Auerstadt. Pendant la campagne de Pologne. Il livre plusieurs batailles victorieuses à Custrin, Posen, Golymin et commande l'aile droite à Eylau. Il prend Königsberg, l'avant veille de la bataille de Friedland. Gouverneur général du grand-duché de Varsovie, Davout participe à la campagne de 1809. Il s'illustre de nouveau à Eckmühl et en devient le prince.A Wagram, il dirige l'aile droite de l'armée et sa dernière offensive est décisive. Nommé commandant en chef de l'armée d'Allemagne, et trouve le temps de rentrer en France rejoindre sa famille, Davout prépare l'invasion de la Russie et déclenche l'offensive. Il dirige le 1er corps de la Grande Armée. Il occupe Minsk, prend Borisov et culbute Bagration à Mohilev. Présent à Smolensk et à la Moskowa où il avait déconseillé de livrer bataille, il y est blessé. Il entre à Moscou et, pendant la retraite, tente sans succès de convaincre l'Empereur de ne pas empreinter le même trajet qu'à l'aller. Il est vainqueur des Russes à Krasnoïe et parvient à garder un semblant d'organisation avec son corps. Il entre en conflit avec Murat et Ney et revient en France. Il est placé à la tête du 13e corps d'armée en Allemagne. Il défend Dresde puis s'enferme dans Hambourg, qu'il ne livrera que le 27 mai 1814, après l'abdication, sur ordre de Louis XVIII, puis se retire dans sa terre de Savigny-sur-Orge et devient maire. Ministre de la Guerre aux Cent-Jours, du 20 mars au 8 juillet 1815, Davout réorganise l'armée mais la défaite de Waterloo provoque la deuxième abdication. Resté en place quelques temps, il gâche sa fidélité à l'Empereur injuriant ce dernier devant Flahaut envoyé depuis la Malmaison. Il garde le courage d'intervenir en faveur de ses compagnons, Ney compris, mis en jugement. Louis XVIII ne le récompense pas et le place en résidence surveillée à Louviers. Son nom est trop prestigieux pour que le roi ne finisse par lui rendre son bâton de maréchal en 1817 et le fait pair de France en 1819. Seul maréchal invaincu de Napoléon. Il perd une de ses filles en 1821, son moral s'en ressent et il meurt sur ses terres, très affaibli, le 1er juin 1823. Rumigny dressa son portrait dans ses Mémoires : "Le maréchal Davout était un honnête homme de moyenne taille, un peu vôuté, dont la grosse tête, parfaitement chauve, et les yeux myopes ne faisaient pas un Adonis. Il ne pouvait rien voir sans lunettes à la distance de cent pas. C'était un général tenace, d'une bravoure remarquable, d'une rigidité qui approchait de la rudesse, inflexible lorsqu'il croyait que le service l'exigeait. J'ai servi sous ses ordres, j'ai été témoin d'actes durs de la part du maréchal. Mais comme ces actes n'atteignaient que des coupables, les bons officiers applaudissaient plus qu'ils ne le blâmaient. Il ne tolérait aucune incartade, ni aucun méfait de ses troupes, ni en guerre, ni dans les cantonnements." Dupuy donna également un portrait sensiblement identique : "Le maréchal, brave guerrier, mais dur, cruel et redouté de tous était peu fait pour prêter à l'inspiration poétique." A Sainte-Hélène, dans le Mémorial, Napoléon dira de lui : "Le maréchal est un homme de guerre froid et circonspect, à l'esprit sage et éclairé, au jugement droit ; une de ses qualités essentielles est sa tendance naturelle à ne rien livrer au hasard, à longuement réfléchir avant d'agir." Bonnal de Gorges le décrit comme "le lieutenant le plus complet, peut-être un César des Césars."


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